Distribution : Le climat social reste tendu à La Poste
Les syndicats multiplient les signes de défiance vis-à-vis de la direction.
Ils se disent déçus par la négociation lancée suite aux suicides dans l'entreprise.
Le climat social ne s'est pas apaisé à La Poste. Ce jeudi, les postiers travaillant dans l'activité colis sont appelés à faire grève par l'ensemble des organisations syndicales afin d'obtenir une revalorisation salariale et une conversion des emplois précaires en CDI. Et la CGT, principale organisation syndicale du groupe, a proposé à ses homologues l'organisation d'une journée nationale d'action « fin janvier, début février », n'excluant pas d'aller jusqu'à la grève. Il y a 10 jours déjà, les représentants CGT, Sud-PTT et FO au conseil d'administration de La Poste, soit 6 élus sur 7, ont refusé de participer au séminaire de présentation du plan stratégique 2013-2018, pour marquer leur opposition aux choix faits par la direction.
Confrontée en début d'année à des suicides de salariés sur leur lieu de travail, la direction avait demandé à l'ancien leader de la CFDT Jean Kaspar d'ouvrir un « grand dialogue » sur le bien-être et les conditions de travail dans l'entreprise. La remise du rapport, mi-septembre, et l'annonce dans la foulée par le PDG, Jean-Paul Bailly qu'il en appliquerait l'ensemble des préconisations, a laissé penser que le groupe allait retrouver un peu de sérénité.
5.000 recrutements supplémentaires d'ici à 2014 sont ainsi prévus pour alléger la pression sur les effectifs. Sylvie François, la nouvelle directrice générale adjointe en charge des ressources humaines, a lancé fin octobre une grande négociation afin de parvenir à un accord-cadre sur l'ensemble des chantiers ouverts par le rapport Kaspar. Sollicitée par « Les Echos », la direction de La Poste n'a pas souhaité commenter les négociations en cours. L'objectif serait d'aboutir avant la fin de l'année, en prévoyant un calendrier sur 2013 pour les sujets qui nécessitent des négociations complémentaires.
Un nouveau suicide
Mais les syndicats, qui trouvaient déjà les recrutements annoncés nettement insuffisants (ils ne permettront pas de compenser les départs en retraite), se disent très déçus par le contenu des discussions. « Jusqu'à présent, aucune proposition concrète n'a été faite , dénonce par exemple Bernard Dupin pour la CGT. Il y a urgence à agir, et on est encore en train de discuter de la méthodologie. » Simple posture de négociation destinée à obtenir plus ? La direction ne le saura vraisemblablement que lorsqu'elle présentera son texte à la signature.
La tension s'est nettement accrue à la suite d'un nouveau suicide de postier sur son lieu de travail à La Fère (Aisne), le 31 octobre. Celui-ci s'est pendu juste après avoir envoyé un mail relatant le manque de reconnaissance dont il s'estimait victime, et en jugeant que « Soutienpostier », la cellule d'écoute mise en place par la direction de La Poste, « n'est qu'une façade. » Dans un communiqué, Sud-PTT avait réagi de manière radicale en estimant que « la légitimité de l'équipe dirigeante est aujourd'hui mise à mal », et que la question de la démission de Jean-Paul Bailly se posait.
À noter
L'entreprise est également en renégociation de son contrat de service public avec l'Etat. Les discussions devraient aboutir d'ici à février 2013.
Lionel Steinmann
Source : http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/service-distribution/actu/0202407604778-le-climat-social-reste-tendu-a-la-poste-514624.php Publié le 27 novembre 2012