La prévention des risques psychosociaux n'est pas suffisante au siège de La Poste, indique un rapport réalisé par un cabinet d'expert mandaté après le suicide d'un cadre en février, et consulté jeudi 19 septembre par l'AFP.
Ce document, dévoilé initialement par Le Parisien, porte sur les conditions de travail à la Direction de la communication (DirCom), où travaillait le cadre qui s'est suicidé, après avoir été mis en arrêt maladie pour épuisement professionnel ("burnout").
Le cabinet Cateis, mandaté pour enquêter par le Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) après ce drame, estime que "le dispositif de prévention ne rencontre pas suffisamment les besoins des postiers de la DirCom en souffrance en lien avec leur travail et son organisation", notamment en raison d'un manque de cohérence entre les différents dispositifs ou actions.
Le document présenté à ce stade comme provisoire, car il doit être présenté officiellement au CHSCT, porte exclusivement sur les salariés de la DirCom, soit 76 personnes.
Des troubles psychosociaux à répétition
Sollicitée par l'AFP, la Poste a indiqué qu'elle ne souhaitait pas "apporter de commentaires à ce stade (...) le CHSCT qui examinera le rapport provisoire du Cabinet Cateis se tenant" dans l'après-midi. Mais ce rapport vient relancer le débat sur les conditions de travail à La Poste et fait écho à l'audition de Philippe Wahl, le possible successeur de Jean-Claude Bailly à la tête du groupe postal, devant la Commission des affaires économiques. L'actuel patron de La Banque Postale a dévoilé son projet "Confiance partagée" et dans des termes voilés, promet du sang et des larmes.
Dans son rapport, Cateis note que l"'état de santé au travail d'une partie des personnels" de la DirCom "apparaît préoccupant voire inquiétant sur les derniers mois".
Le cabinet indique qu'"une quinzaine de personnes sur le total des actuels ou anciens membres de la DirCom rencontrés indiquent avoir ou avoir eu dans les derniers mois des troubles psychosociaux qui vont du mal-être à un état de souffrance important (...) en lien avec leur travail".
Il note que la DirCom, comme le reste de l'entreprise, a connu des réformes de fond ces dernières années, qui ont eu un impact sur l'organisation du travail.
"Ces évolutions ont ainsi accru le malaise social des postiers, et sont l'une des causes de la hausse du nombre de jours d'absence pour accident de service ou maladie, et -semble-t-il de quelques cas de suicides", écrit le cabinet.
Le malaise social vécu par certains salariés du groupe, qui emploie quelque 240.000 personnes, avait été mis en lumière en 2012 après le suicide sur leur lieu de travail de deux cadres en Bretagne, précédé d'un autre suicide à Paris.
Depuis, le groupe a signé un accord sur la qualité de vie au travail, ouvert des chantiers de négociation et allégé la pression sur les effectifs en recrutant un peu plus que prévu, sans pour autant compenser les départs.
(avec AFP)