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18 juin 2013 2 18 /06 /juin /2013 09:43

Le dialogue social serait-il le remède à tous les maux du travail ? Qu'est-ce qui se cache derrière ce nouveau vocable ? Une volonté de changer les choses ou un leurre ? Le gouvernement, les patrons, généralement tous ceux qui n’ont rien à donner veulent relancer le dialogue social. Difficile de comprendre ? Pas tant que cela. En fait la langue française est riche et les mots ont encore du sens.

Le mot dialogue « dialogos » (« discussion ») est formé à partir de deux éléments :

  • « dia » qui signifie « à travers, entre »,
  • « logos » qui signifie « parole, discours ».

D'après son étymologie, ce mot désigne donc un discours tenu entre différentes personnes.

Lorsque la parole circule entre les hommes, elle ne s'oppose ni à l'un ni à l'autre. Elle s'échange. Le dialogue n’est donc pas l'exercice d'un pouvoir ou d’un commerce. Il n’y a pas d’enjeu. Le dialogue exige le respect et une absence totale de rapport hiérarchique, c'est-à-dire un rapport d’égal à égal.

Pourtant, c’est l’employeur, le gouvernement, les détenteurs du pouvoir qui parlent de renforcer le dialogue social. Souhaitent-ils pour autant abandonner leur piédestal pour échanger entre égaux ? Bien sûr que non.

L’Organisation Internationale du Travail intègre dans cette expression contemporaine toute forme de négociations, de consultations ou simplement d'échanges d'informations entre représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs sur des questions d'intérêt commun liées à la politique économique et sociale.

Le dialogue social englobe donc les négociations et les simples échanges entres différents interlocuteurs.

 

Pourquoi préférer le mot dialogue social au mot négociation ?

Tout simplement parce que le mot « négociation » désigne, toujours en langue française, une « activité déployée pour aboutir à un accord concernant des affaires publiques ou privées ». Aboutir à un accord. C’est donc une discussion intéressée, un échange de vues entre deux parties qui cherchent un accord au mieux de leur intérêt. La meilleure négociation est celle qui se conclut par un accord gagnant/gagnant. Par exemple, l’employeur y trouve intérêt et les salariés aussi. À défaut, il n’y a pas d’accord. On dit alors que la négociation a échoué.

Il est a noter que c'est l'objet même des négociations qui a le plus évolué. Aujourd'hui, les donneurs d'ordres alignent leurs vérités, leurs convictions unilatérales. Ils appellent les représentants du personnel à négocier le gel des salaires, la diminution des effectifs, la réduction (voire la suppression) des jours de RTT, l'abandon d'avancement de carrière, l'augmentation de la précarité, un recul sur le droit à la retraite etc.. Pour eux, l’accord gagnant/gagnant est : « j’en prends beaucoup : t’en gardes un peu ». Pour eux, le salarié est gagnant puisqu’il ne perd pas tout !

Pour les salariés, pour les agents de la fonction publique, les demandes sont à l’opposé de ces diktats.

Pour bien faire comprendre à ceux qui ne comprennent pas, nous faisons partie de ceux qui pensent qu’il existe une autre politique économique possible en dehors de celle qui consiste aujourd'hui à privatiser les bénéfices au profit de quelques-uns et de partager les déficits entre tous les autres.

En dehors des certitudes de l’orthodoxie spéculative et libérale soutenues par tous les gouvernements depuis les années 1970, il n'existe plus un cadre adapté pour mener la négociation. Il n’y a plus rien à négocier, sauf la manière de réduire le déficit public et les dépenses sociales.  Depuis les années 1980, cette politique conduit aujourd’hui à transférer plus de 100 milliards d’euros par an, du travail au capital [1].

Alors, pour apparaître comme moins agressifs contre ceux qui subissent ces diktats, contre ceux qui sont confinés dans la plus stricte soumission, le pouvoir, le gouvernement, le directeur et le chef de service répètent à qui veut bien y croire : « nous allons relancer le dialogue social ».

Dans le champ des relations entre gens de bonne compagnie, le dialogue social se place juste au-dessus de « la brève de comptoir » mais sans la convivialité.

Ils ne veulent rien changer à leurs certitudes. Alors, ils changent les mots.

La relance du dialogue social est l’incantation [2] de ceux qui détiennent un pouvoir à l’adresse de ceux qui le subissent.

Dites-moi ce que vous voulez, je vous expliquerai comment vous en passer...

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